Chroniques

Numéro 59 

SOLEFALD
World Metal. Kosmopolis Sud
Label : Indie Recordings


Dans les pages du numéro 57, je vous avais parlé du dernier ep du groupe, Norrønasongen. Voici l’album qui suit ce parcours musical si atypique des Norvégiens. Solefald créé et propose son World Metal assez hallucinant. Comment qualifier cet opus en quelques mots : épique, nordique, folklorique, sonorités africaines, mélodies froides de l’électro, de très rares touches et atmosphères relevant de l’esprit du black metal, beaucoup de mélodies orientées prog. Album avant-gardiste, fusion et vision intéressantes de ce qu’est le World Metal de Solefald. A découvrir absolument !
Boris


MELLINO [Fra] Live CD (A.I.M Prod) 2014


Encore un groupe live vraiment chouette à regarder que MELLINO, en voici déjà la preuve audio sous la forme de ce CD qui contient de nombreux extraits de l’excellent second album No dogs aqui (Saison amère, Métèque à 100%, Os à ronger, Gangster boogie, Passe la pince…) mais aussi, forcément, quelques morceaux des NEGRESSES VERTES (Zobi la mouche, Sous le soleil de Bodega…). Le spectre musical qui s’étend du blues rocailleux aux sonorités hispanisantes, de la chanson festive au road-rock, fait de MELLINO un groupe d’empêcheurs d’écouter en rond, pas question de se lasser pendant les presque cinquante minutes de programme, et même qu’on se fera un plaisir de retourner les voir à la prochaine occasion. Vous devriez faire de même en cas de manque de soleil dans votre lecteur de bruit.
Ged


H-ONE [Fra] Cygne II CD (Wax Prod) 2015


Deuxième cygne de vie d’un groupe dont on avait déjà parlé l’année dernière dans le Tafeur, ce disque livre ici un impressionnant recueil de metal moderne et méchamment heavy enregistré au studio Antistatic de Toulouse, on ne peut pas vraiment s’empêcher de penser parfois au thrash / death contemporain des GOJIRA mais aussi au hardcore des plus métallique mais ce n’est pas pour autant que le groupe fait dans la copie, il livre même une oeuvre personnelle aux préoccupations écologiques comme l’indiquent les morceaux Salt war, Black cloud ou encore Mother (dont a été tourné un clip réussi…) et à l’habillage soigné (couv’ signée Gwen Vibancos, digipak classe). A conseiller aux sauvages chevelus en manque de nouvelles sensations.  

Ged


TORCHE - Restarter (Relapse) 2015


Les Floridiens aiment bien jouer avec le feu et n’ont pas peur de se brûler. Comprenez par là que ça ne les intéresse pas de refaire deux fois la même chose, quitte à perdre quelques fans en route. Chaque album est donc une sorte de nouveau départ et le titre de celui-ci, Restarter, leur quatrième LP, aurait pu coller dès le deuxième, le titanesque Meanderthal. Dernièrement ce sont les dignes détenteurs de la flamme d’un style de musique plutôt incongru : le sludge pop. Vas-y que je t’envoie du gros riff heavy sur du chant plus mélodique, gorgé de soleil. Les gars jouent parfois en concert habillés de chemises à fleurs, autant dire qu’ils se moquent un peu de tout mais jamais de nous. Encore moins concernant l’artwork et le packaging, qui comme à chaque fois sont de véritables œuvres d’art. Ils seront bientôt en France, notamment du côté de Nîmes pour le TINALS, ne les ratez pas.
Circus

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Octobre 2014

Eightfist - CD promo 2013



Eightfist est un groupe formé par Nelly (ex Eths, The Glorious Bruce…) et John (qui officient  aussi tous deux dans un autre projet  « Nel Wood And The Charlatans » plus axé dans le rockabilly, mais ça c’est une autre histoire). Ils sont accompagnés de Ben à la basse et d’Hugo à la batterie. Ce CD promo a été enregistré par Romain (Seelentod) dans les studios de la Secret Place TAF, qui en plus d’organiser des concerts et de louer des locaux de répétitions, propose aussi des enregistrements pour les groupes locaux à des prix raisonnables. 
Finissons-en avec  les présentations et abordons de ce pas ce CD, qui rappellera sûrement des souvenirs à certains … Ainsi, juste après l’intro démarre le morceau «Caveman » qui nous projette en plein milieu des 90’s. La voix de Nelly m’évoque celle de « Gwen Stefani » du groupe « No Doubt ». Ce n’est pas un reproche, bien au contraire, j’ai toujours considéré que cette dernière était une bête de scène mais surtout une artiste hors du commun qui avait (toujours ???!!) une superbe façon de chanter.

On reste en pleine ambiance 90’s, avec  « Dressed To Kill », sur lequel  on ressent  une légère influence du groupe « Pearl Jam » avec son titre « Even Flow ».

Sur  «Like A Lie» et le très énergique « Voiceless », Nelly nous fait une belle démonstration de ses talents de chanteuse de Metal extrême en alternant chant  clair et growl.
L’avant dernier morceau du CD, « Spare The Rode » me rappelle certaines sonorités du groupe PRIMUS, autre pointure des 90’s.
Le titre « Supernova » est dans la même veine que les 7 autres morceaux de cet album, qui devrait, à n’en pas douter, ravir les fans de Grunge, Fusion et bien sûr Metal .

Pour terminer,  si vous avez envie de passer un moment sympa en écoutant de la bonne musique,  je vous invite à aller découvrir Eightfist en live. J’y retournerai d’ailleurs avec plaisir, ne serait-ce  que pour revoir ma pote Nelly déguisée en « cheerleader »
Seb Kickass 



Tafeur 56

Les chroniques CD bonus


NO MORE LIES - In the shade of expectation - (Bcore) 2014


Plus de mensonges ? Vaste programme qu’on aimerait voir appliqué pour de vrai, en politique par exemple ! Pour ce qui est de la musique, il n’y a par contre pas de tromperie sur la marchandise avec ces Espagnols, on peut leur faire confiance les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. Plutôt discrets, trop même, voilà que débarque cet album sans qu’on l’attende. Pour ceux qui ne les connaissent pas, NO MORE LIES c’est le groupe de Santi Garcia, sorte de Steve Albini ou Jay Robbins catalan : un guitariste / chanteur / ingénieur / magicien du son. La ressemblance avec Jay R. est d’autant plus forte que Jawbox est l’une des principales influences du groupe, avec une approche davantage punk rock, plus mélodique et entraînante mais tout aussi dissonante.
+ d’infos sur  http://www.bcoredisc.com
Circus



FU MANCHU - Gigantoid - (At The Dojo) 2014


 On parle beaucoup trop de Kyuss et des Reines de l’âge de pierre et pas assez de FU MANCHU à mon goût. Pourtant ça fait près de 25 ans que les Californiens nous balancent régulièrement des skeuds, même si celui-ci, le onzième, a mis un peu de temps à arriver (5 ans). Comme les autres, Gigantoid est rempli à ras-bord de gros riffs fuzziesques, de solos, le tout mélangé à une énergie punk hardcore, histoire de varier les rythmes et les plaisirs. Parce que le groupe n’a jamais oublié ou renié ses racines, qui sont davantage Black Flag et la culture skate que Black Sabbath, ce qui leur permet de ne pas ressembler à un énième clone stoner.
+ d’infos sur http://www.fu-manchu.com
Circus 



LE SKELETON BAND [Fra] La Castagne CD (Autoprod) 2014


Après l’excellent deuxième album Bella mascarade qui avait valu au groupe une apparition à Bourges et la diffusion du disque sur les grandes ondes, La Castagne, "carnaval de la baston" selon les mots des artistes eux-mêmes ou caravane Freaksienne où règne comme on s’y s’attendait une saveur cabaret absurde et rêveur qui chanterait pour tous les temps, et tous les gens, surtout les cassés, les brisés par la vie, s’avère être une autre très belle pièce d’un puzzle pas prêt d’être terminé par ceux qui auraient la mauvaise idée de vouloir y coller une étiquette, ici on vogue sur une eau agitée, ou pas, c’est selon le bon vouloir du capitaine Skeleton, qui ne fait jamais rien comme tout le monde, c’est bien pour ça qu’ici on l’ADORE. 

http://www.leskeletonband.com/ 




Stuntman [Fra] Incorporate the excess Cassette (Lost Pilgrims Recs) 2014 



Douze ans déjà que Stuntman sévit sur disque et sur scène, et ce Incorporate the excess contient un grinding noise hardcore dissonant et brutal, méchant et torturé, qui donne envie de se maudire à la pensée que l’on loupe systématiquement depuis le début, et ce pour une raison ou une autre, les prestations de ces fabuleux sétois. Parce que quand on se mange ces six bourre-pif d’affilée dans la gueule (pour un peu moins d’une demi-heure de programme), on se dit que ça doit forcément être du genre athlétique !! La batterie est particulièrement impressionnante avec la puissance de feu d’un croiseur, mais le reste du groupe n’est pas en reste, en particulier un hurleur particulièrement efficace. 120 copies de cette cassette (soixante blanches, soixante noires) ont été sérigraphiées par les grands messieurs de Mad Series au Subsonic, ce qui en fait un pur objet de culte: magnifique (l’emballage tue tout) et immanquable. Bon, sinon, pour ceux qui ont paumé le ghetto-blaster, l’album est aussi disponible en format CD et LP.



Man is not a bird [Fra] / Puzzle [Fra] Split MCD (Voxproject) 2014


Man is not a bird entame le split avec une composition sans paroles de quatre minutes (Les Sons du printemps) de type arachnéen, rythmes et mélodies se télescopant gentiment en un schéma complexe mais presque dansant, ne crains donc pas, prude âme littéraire, le "math" du "math-rock" indiqué ici et là, car il n'est une fois de plus qu'un truc rébarbatif qui ne signifie rien à part "tiroir stylistique de plus à l'usage des étiqueteuses de supermarché". Avec Nothing but the rain (2012), Puzzle avait déjà montré ses capacités en matière de ce qu'il appelle le post rock, voici venir un très beau morceau instrumental de plus de dix minutes où mélancolique, onirique et contemplatif valsent peinard dans un trip complètement cinématographique, on se surprend à inventer des images perchées qui vogueraient sur ces guitares tout en arabesques. Trippant. 
http://manisnotabird.bandcamp.com/album/man-is-not-a-bird-puzzle-split-cd 



Saison de Rouille [Fra] Déroute sans fin CD (Autoprod) 2014 



Inquiétant. C’est le premier adjectif qui vient à l’écoute de cet album. Déroute sans fin est un alliage glacial et oppressant de metal, de hardcore et d’industriel, pourquoi pas d’ailleurs un descendant francophone (plus organique) des premiers Godflesh qui combinaient déjà à l’époque extrême lourdeur, rythme souvent martial et ambiance lugubre ? Dense à faire peur, l’album est dur à décortiquer, un peu comme une boule de fil d’acier barbelé rouillé ET acéré du centre de laquelle on voudrait extraire quelque chose tombé là malencontreusement. On ajoute que les textes travaillés en français changent un peu du minimalisme ambiant et souvent anglophone. Avec un travail titanesque comme celui-ci, il faudrait juste prendre cinq minutes pour m’expliquer pourquoi ce groupe atypique et artistiquement attrayant est obligé de produire lui-même ce disque ? Labels, zines et même toi avec ce craquant de dix inutile au fond de la poche, get in touch avec Saison de Rouille, et soutenez-les !
Ged



Red Beans & Pepper Sauce [Fra] "Eat me" MCD (Autoprod) 2014


Hey, voilà une bonne surprise dans le rayon blues rock plombé avec les Red Beans biterrois que l’on a failli voir à Cahors cette année ! Ces trois compositions dégagent un feeling de jam vintage, on sent une osmose qu’ont les baroudeurs du genre, on n’a clairement pas affaire à des débutants (Ouch ce guitariste !!)… La voix de la chanteuse apporte, au même titre que ce clavier vibrant, un côté soul séduisant et pour appuyer bien comme il faut le côté pepper de cette galette on finit le quart d’heure sur une étonnante reprise funky à donf’ du Ace of Spades des dieux Motörhead. Et ça passe terriblement bien. On est du coup très curieux de voir ça rapidement sur les planches, en attendant on ajoute une très chouette couv’, un très bon son, et pour en savoir plus, v’là l’adresse à chécker pour en manger:
Ged


  
Georgio The Dove Valentino [Usa] Mille plateaux DLP (Editions Saint-Gilles de Rais) 2014


L’album du mois, sans hésiter. Et un objet génial de par le soin qu’on lui a apporté. Il y a là-dedans (ou là-dessus, sur quatre faces de cire noire) tellement de choses à découvrir que c’en est fascinant. Si parfois on se retrouve à la périphérie de plusieurs genres, par exemple la musique de films, la pop aérienne ou le folk rock psyché-prog, c’est surtout au cinéma que l’on pense avec des titres comme The Gift of fury qui évoque un giallo mis en musique par un Schifrin, ou encore l’hommage à Chuck Berry à des années-lumière de ce que l’on attend, on croit à un moment voguer en plein Tom Waits première époque ou à un autre dans l’esprit décadent d’un Douglas Pearce et chacun trouvera évidemment d’autres noms à dropper à qui mieux mieux en société. La chronique la plus compliquée à faire depuis des siècles mais il y a à la clé un album passionnant, un prisme que l’on ne cesse de tourner et retourner pour en découvrir les facettes, les invités et les lieux d’enregistrement. Bravissimo.


Ged


Jo Dahan [Fra] C'était mieux avant ! EP (Because Music) 2013


Pour préparer la sortie de l'album de Jo Dahan, Ma langue aux anglais, on donne en pâture aux impatients ce 5-titres apéritif d'une douzaine de minutes qui introduit à l'univers en solitaire de l'ex bassiste de la Mano Negra, passé auquel il ne faudrait point limiter un bonhomme qui a multiplié les expériences diverses, des Wampas à Tarmac en passant par Gaëtan Roussel, la Royal Deluxe ou les fabuleux films made in Groland. Au programme ici de la chanson en français alliée à un rock vitaminé qui se décline en morceaux courts boostés de refrains efficaces et malicieux (C'était mieux avant en est un bon exemple, Silence please aussi, matez donc les clips très chouettes de ces morceaux sur votre fournisseur de vidéos préféré !). On est curieux de découvrir tout ça sur scène tant il y a là un potentiel de se remuer la couenne en chœur. Ce sera même encore mieux après !  
Ged



Twister Cover [Fra] Machines CD (Twister Cover Asso) 2014


A la première écoute de ce premier album des orléanais de Twister Cover on ne peut que taper du panard sur le sol tant le rock nerveux de la formation fait souvent mouche, c'est peut-être ça les "Machines" évoquées, celles qui déboule rythme carré en bandoulière et que l'on ne peut s'empêcher de suivre dans leur marche inexorable. Sauf que l' "automatisme" rythmique n'empêche pas les mélodies, omniprésentes dans les dix compositions présentes sur le disque. Malgré des influences rock, blues (Machines) et même pop-punkoïde parfois (Enemies, Get on stage, Cold as ice, ...), le groupe présente un travail personnel livré dans un chouette petit digifile, on aime particulièrement la voix hyper-présente et variée, ainsi que la guitare en général, volubile et polyforme. Sans parler du surprenant morceau "fantôme" aux relents électroniques et au rythme chaloupé entre funk et disco glacée. Chouette disque.  
Ged



VINTERSORG
Naturbål
Label : Napalm Records



Neuvième album en vingt ans d’existence pour le groupe suédois, mené d’une main de maître par Andreas Hedlund. Ce dernier a mis de côté son groupe principal BORKNAGAR, pour se consacrer à son projet perso Vintersorg. Le groupe évolue toujours dans un monde folk, nous propose des mélodies atmosphériques accompagnées de chant clair (dans sa langue natale) sur des variations de thèmes très black metal pour certains, et assez prog metal pour d’autres. Le chant si particulier d’Andreas vous entraine dans l’univers folk de Vintersorg avec douceur, les refrains deviennent parfois entêtants. Les ingrédients sont les mêmes que lors des derniers albums, Jordpuls et Orkan, mais pas d’indigestion en vue. Vintersorg offre encore un hymne puissant dédié à la Nature.
Boris